8 mai 2006
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Hans Holbein le Jeune (1497/98-1543) est un des artistes les plus importants du XVIe siècle. Le Kunstmuseum de Bâle présente jusqu'au 2 juillet 2006 une exposition consacrée à la période bâloise de l'artiste. Je suis revenu extrêmement heureux d'avoir pu me perdre dans la fascination pour ce peintre souvent considéré comme le Raphaël allemand. ![]() ![]() Mais, la Réforme commence à imposer ses choix et ses critères. Les images sont combattues ; Erasme, qui déclare : "Ici, les Arts ont froid", incite Holbein à s'exiler. Le peintre va fuir outre Manche et sera nommé, en 1536, peintre d'Henri VIII ; il deviendra alors en peu de temps le portraitiste officiel de la cour d'Angleterre. Mais là, il s'agit d'une autre exposition qui se tiendra à la Tate Britain de Londres à partir du 28 septembre 2006 et qui relatera les années anglaises du peintre. Hans Holbein est une figure imposante et trouble : c'est à la fois une puissance des personnages et une délicatesse des expressions ; ce sont des modèles au visage charpenté et un souffle de vent léger qui produit un petit désordre dans leurs cheveux. Le peintre montre des qualités évidemment hors pair pour la peinture mais également des audaces de génie que nous pressentons dans cette (même) peinture. ![]() Dans ses peintures, mais également dans ses dessins, il sait installer une présence à la fois forte et délicate. Je trouve d'une ahurissante beauté les portraits dessinés. Le dessin est sculptural et aérien à la fois. Le non-fini de ces portraits, dans la délicatesse de la représentation des vêtements, contribue à donner beaucoup de charme à ces modèles, même s'ils n'incarnent pas les canons de la beauté traditionnelle. Le dessin semble parfois d'une très grande modernité dans sa retenue, son côté quasiment minimal (voir le Portrait de Dorothea Meyer, née Kannengießer de 1525/26). Cette monochromie appliquée aux pièces vestimentaires contraint notre regard à retourner vers les visages et à buter sur les détails les plus sensibles de ces portraits que sont les yeux et leurs reflets, les commissures des lèvres, les ailes du nez ou bien encore le léger vallonnement du cou. Cette complexité, nous la pressentons également dans ce clin d'oeil à l'Italie, et plus précisément à Léonard de Vinci, dans le portrait qu'il fait de Laïs de Corinthe, cette dame de l'Antiquité qui monnayait ses charmes. ![]() Cette complexité que j'évoquais est perceptible dans l'ensemble de cette peinture. On la devine dans la figure de l'étourneau représenté dans le Portrait d'une dame avec écureuil ("a starling", l'étourneau prétexte à un jeu de mots autour du lieu d'habitation de la dame peinte, "East Harling"). C'est également la vague qu'il organise et met en scène, juste devant nos yeux, dans le somptueux tapis de la Madone de Darmstadt. Les exemples seraient nombreux. ![]() Holbein reste mystérieux et beau. |