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30 décembre 2009 3 30 /12 /décembre /2009 17:54
Lebel 2009
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«Les premiers faits d'armes du Lebel seront obtenus en outre-mer, en Afrique noire lors des campagnes de colonisation et de pacification , en Chine lors de la révolte des Boxers (55 jours de Pékin) puis au Maroc.
 A l'entrée en guerre en 1914 l'ensemble de nos armées en est équipé et le Lebel remplace le Gras en première ligne. Il est de tous les combats mais ses défauts sont mis au jour, longueur importante, magasin peu pratique à approvisionner et propension à ingérer les impuretés du champs de bataille. Son remplacant est mis en service progressivement car l'énorme stock de départ est loin d'être épuisé mais à partir de 1917 les recrues des nouvelles classes sont équipés du Berthier 07-15.
»*
           
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La guerre de 1914 a généré un temps-panique, un temps inquiet peuplé d'activités meurtrières mais aussi un temps tout aussi inquiet, un temps qui s'étirait, un temps à combler, un temps fait de pratiques illusoires, névrotiques, un temps générateur d'un artisanat de tranchées destiné à tuer ce temps infructueux. Les matériaux de cet artisanat étaient ceux-là mêmes qui donnaient la mort : les douilles d'obus qui devenaient ainsi des vases, des pots, des horloges, des cadres, des godemichets de la mort déguisés de femmes légères ou bien de fleurs artificielles. Guillaume Apollinaire, lui-même, fabriquera dans ce métal de récupération une bague pour sa fiancée.

Cette collection -y compris la bague d'Apollinaire-, on peut la voir à la Maison Rouge. Dans les années 50 André Breton fait un tour aux puces. Il est accompagné d'un certain Jean-Jacques Lebel qui trouve une de ces fameuses douilles d'obus décorées. Depuis, Lebel continue obstinément à les ramasser. Cette installation faite de centaines de douilles d'obus alignées c'est la section intitulée La guerre de l'exposition soulèvements de Jean-Jacques Lebel. Et c'est très impressionnant. Ce Lebel-là, n'est pas celui de la colonisation, bien au contraire. Le Lebel de «soulèvements» est un Lebel rebelle, un Lebel libre, un Lebel extravagant, irruptif, dérangeant, poétique et beau, un Lebel artiste, politique, activiste, collecteur d'incongruités esthétiques, faiseur de rapprochements inédits.
           
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Et la visite de l'exposition est une succession de surprises. Évidemment nous croisons des choses connues (certaines extrêmement célèbres) mais d'autres sont de vraies révélations. Ainsi, certains lavis franchement abstraits de Victor Hugo.  Mais ce qui est éloquent est le rapprochement d'objets de cultures et d'époques différentes. Des appariements dénués de hiérarchie qui fonctionnent comme des actes tant esthétiques que politiques. L'engagement de l'artiste est d'ailleurs clairement indiqué dès l'entrée de l'exposition qui se place sous le signe des barricades.
           
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Vénus est également une préoccupation constante de l'artiste.
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Et c'est Eros qui mène ses pas... Une salle lui est consacrée. : Picabia, Monory, Magritte, Grosz, Dix ou encore Masson ou Molinier. Au milieu trône le fameux Reliquaire pour un culte de Vénus de Jean-Jacques  Lebel. Des centaines de tableautins de tailles variées, sont collés les uns aux autres. Tous sont à l'effigie de Vénus. Simple, majestueuse, pornograhique, artistique, etc.
           
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Le sous-sol de l'exposition est un hommage à Artaud et au pèse-nerfs. Tout y est noir, sombre. Le plafond est bas, écrasant. Comme l'ambiance qui s'en dégage. La litanie d'Artaud s'écoule stridente, déchirante, et s'écoute sans arrêt  d'une pièce à l'autre. Des photographies en long registre interminable du visage tourmenté  du Suicidé de la société s'étalent. Des radiographies montrant la fracture aux vertèbres à la suite des électrochocs  qu'il a reçus participent à la dramatisation de ce lieu d'exclusion. Un recoin est consacré à une reconstitution  d'une chambre de l'hôpital psychiatrique. On y voit la camisole, raidement étalée sur le lit ainsi que la machine du désastre du corps et de la conscience autoritairement placée sur ce qui pourrait être une table de nuit. C'est le monde de la folie d'Antonin Artaud qui nous interpelle, nous touche et nous émeut. Et l'univers de la répression qui continue à nous révolter.
Ces soulèvements, Jean-Jacques Lebel avec obstination, persiste à nous les faire partager. Et ceci, d'une exposition à l'autre *.

Il ne faut pas oublier de signaler que le commissaire d'exposition de soulèvements n'est autre que Jean de Loisy qui était l'auteur de cette exposition magnifique, en 1994/95, au Centre Georges Pompidou, intitulée Hors Limites.

           
           
           
           
           
*extrait du site
 
 
 
jean-jacques lebel, soulèvements
Maison Rouge
25 octobre - 17 janvier 2010
           
           
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