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8 décembre 2006 5 08 /12 /décembre /2006 07:00
  Le Cabinet du Docteur Caligari
ombres


 Bon, finissons-en. Tu vas réussir à nous agacer avec tes films. Ils sont ridicules tes personnages. On n’y croit pas un seul instant. Ils en font trop. Impossible de s’identifier.  Ca ne peut pas exister, ces gens-là. Et puis, dans leur univers de carton-pate, ils sont plutôt pathétiques …  Et leurs histoires ? Du grand guignol.
  
 Tiens, en parlant de l'histoire, finalement, lecteur, je ne te l'ai pas racontée. Juste le début je crois ?
Bon, («merdre, il remet ça») on en était où ?

 Dans une petite ville d’Allemagne du Nord, Holstenwall, s’installe une fête foraine. Au nombre des attractions se trouve celle du Docteur Caligari, qui présente un somnambule nommé Cesare. Caligari se rend à la mairie pour obtenir une autorisation. Il est traité avec un certain mépris par un fonctionnaire qu’on retrouvera assassiné le lendemain. Parmi les spectateurs qui visitent la kermesse, deux jeunes gens, Francis et Alain, sont amoureux d’une jeune fille, Jane. Ils pénètrent dans la baraque de Caligari et regardent le somnambule qui répond aux questions que les spectateurs lui posent sur l’avenir.. Alain interroge Cesare sur le temps qui lui reste à vivre. Le somnambule répond : jusquà l’aube. Il sera effectivement poignardé par le fonctionnaire. L’étudiant soupçonne immédiatement Caligari d’avoir tué son ami et, accompagné du père de la jeune fille, ils pénètrent chez le forain avec un mandat de perquisition. Ils demandent à Caligari de mettre fin à l’état de transe de son médium. Mais on annonce bientôt la capture du meurtrier. Francis revient surveiller Caligari par une fenêtre : le somnambule dort dans son sarcophage. Il s’agit en fait d’un mannequin et le vrai Cesare est en train de tenter d’enlever Jane. Il l’entraîne au  dessus des cheminée et des toits (illustration  ci-dessus). Pourchassé, il l’abandonne et meurt d’épuisement.
Francis se rend à nouveau chez Caligari, accompagné de policiers. Ils constatent que ce n’est qu’un mannequin qui repose dans le sarcophage, et non Cesare. Caligari profite d’un moment d’inattention pour s’enfuir. Il trouve refuge dans un asile de fous, poursuivi par l’étudiant. Celui-ci demande de voir le directeur de l’asile et constate que c’est Caligari lui-même. La nuit suivante l’étudiant et les infirmiers fouillent le bureau du directeur et découvrent un volume racontant l’histoire d’un certain Caligari, qui au XXVIIe siècle, réussit avec son médium Cesare à tuer plusieurs personnages. Ils confrontent le médecin avec le cadavre du somnambule. Caligari éclate de rage en voyant sa créature morte.
Les infirmiers le ceinturent et lui passent la camisole de force.

L’histoire avait commencé sur un banc, je te l’avais raconté, lecteur. Deux hommes conversaient. L’un racontait à l’autre une histoire qui lui était arrivée, il y a un certain temps déjà. A la fin du film, sur le banc, Franz raconte toujours l’histoire à son vieux compagnon. Il s’avance parmi les autres malades… Cesare, debout, tient une fleur à la main, Jane, pareille à un fantôme, semble ne pas les voir et marche, coiffée d’un diadème. Bientôt apparaît le directeur qui s’enquiert de la santé des malades. Franz se précipite sur lui en hurlant : « C’est lui Caligari !». Il tente de le frapper. Les infirmiers le ceinturent et l’enferment.. Le directeur s’approche de lui, l’observe et murmure : «Enfin, je comprends son obsession. Il me prend pour Caligari. Maintenant, je crois que je vais pouvoir le guérir. »

Bon, tu vois, je te l’avais dit lecteur : ça n’a aucun intérêt. On va en rester là.


J'emprunte ce condensé de l'histoire de Caligari à Jean-Michel Palmier (L'Expressionnisme et les arts, PAYOT, p264 et 266) qui était quelqu'un de merveilleux, que j'ai connu et qui m'a fait découvrir et aimer cet univers, qu'ici,  j'ai tenté modestement de retranscrire.
         

séance à la cinémathèque :LE CABINET DU DOCTEUR CALIGARI ,  Samedi 16 Décembre 2006-19h00 -SALLE HENRI LANGLOIS -
         
illustration : photogramme du film


Voir l'exposition à la  Cinémathèque française (Paris), 
Le cinéma expressionniste allemand, splendeurs d'une collection
         

       
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7 décembre 2006 4 07 /12 /décembre /2006 07:00
  Le Cabinet du Docteur Caligari
ombres


 Les jeux d'ombres et de lumières qui créent un monde si particulier dans les films expressionnistes vont marquer profondément le cinéma allemand. Cette esthétique est sans doute le fruit d'une atmosphère émotionnelle liée au contexte politique mais on ne peut pas négliger les contraintes techniques auxquelles devaient se soumettre les opérateurs.
  
 Ainsi, il en va de la sensibilité des pellicules : il fallait éclairer énormément les sujets, ce qui rendait les visages très blancs, d'où la nécessité de cerner les yeux de noir pour accuser l'expression. Le reste de l'image, en périphérie, étant bien souvent plongé dans la pénombre ou le noir complet. L'effet de vignettage est repérable dans bon nombre de ces films.

Il ne faut pas négliger non plus la formation des acteurs, qui viennent tous du théâtre ainsi que celle des réalisateurs, également issus du même monde. Robert Wiene, réalisateur du Cabinet du Docteur Caligari, rejoint Max Reinhardt en 1911 à Berlin. P
our ses pièces, Max Reinhardt,  fut un des premiers à utiliser, comme décor, des jeux d'éclairages de type expressionniste bien qu'il ait toujours refusé d'être associé à ce mouvement. Il éclairait les éléments de ses décors à la base et obtenait ainsi des déformations, des projections d'objets aux arêtes vives, des ombres démesurées, expressives, et des éléments d'architecture qui  subissaient ces déformations et ces éclairages violents, et de ce fait paraissaient déchiquettés, pointus, obliques et inquiétants. Cela restera des éléments constitutifs de l'esthétique des fims de grands réalisateurs de l'époque tels Pabst, Murnau ou Fritz Lang. Certains de ces décors, au Deutsches Theater que Max Reinhardt  dirigeait, étaient constitués uniquement à l'aide de faisceaux de lumière et de projecteurs. Il s'agissait d'un procédé économique car les décors, en 1914 et juste après cette guerre qui laissait le pays meurtri et exsangue, étaient coûteux.
Ce qui ressort d'une nécessité matérielle va produire une esthétique dont vont s'alimenter les cinéastes.
 
Le Cabinet du Docteur Caligari en porte tous les stigmates.


A demain (peut-être).
         

séance à la cinémathèque :LE CABINET DU DOCTEUR CALIGARI ,  Samedi 16 Décembre 2006-19h00 -SALLE HENRI LANGLOIS -
         
illustrations :
* portrait de Max Reinhardt par Emil Orlik, source wikipedia
* photogrammes du film

liens
Max Reinhardt :
* Théâtre français, les grands metteurs en scène : Max Reinhardt
* wikipedia, Max Reinhardt
* le cinéma expressionniste, Max Reinhardt et l'expressionnisme
* dossier : Théâtre et cinéma : l'influence de Max Reinhardt et le « Kammerspiel »

Voir l'exposition à la  Cinémathèque française (Paris), 
Le cinéma expressionniste allemand, splendeurs d'une collection
         

       
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6 décembre 2006 3 06 /12 /décembre /2006 07:00
  Le Cabinet du Docteur Caligari
ombres

 
  Expression : c'est de là que vient le mot «expressionnisme». Tout sentiment qui se reflète sur un visage n'apparaît comme tel qu'en déformant les traits habituels de ce visage, en d'autres termes : en les arrachant à leur état de repos. Plus le sentiment est vif, plus le visage est altéré. Un visage parfait, «normal» (pour autant qu'il en puisse exister un) serait inexpressif et vide, dépourvu de toute physionomie.

Bela BALASZ

Sur le cinéma expressionniste
L'Expressionnisme allemand, Revue Obliques,
Paris, 1976, p 149


 K  O  R T  N  E  R
 clic  clic  clic  clic  clic  clic  clic
             
Bon, je vois que tu as bien suivi, lecteur : la sublime gueule tordue de Fritz Kortner n'est pas dans le Caligari, mais dans Le Montreur d'ombres. C'est le moment où il devient fou (ou furieux), le mari. Après s'être effondré, sorti du cadre, Fritz Kortner va réapparaître, en bas, par la gauche, doucement, furieusement, il remonte sur l'écran (démoniaque), les yeux qui tournent, la bouche qui vrille, les sourcils qui font le grand huit, le regard illuminé et génialement malade.
             
illustrations : photogrammes du film

Voir l'exposition à la  Cinémathèque française (Paris), 
Le cinéma expressionniste allemand, splendeurs d'une collection
             

           
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5 décembre 2006 2 05 /12 /décembre /2006 07:00
  Le Cabinet du Docteur Caligari
ombres

 Les qualités et le succès d'un film comme Le Cabinet du Docteur Caligari ne peuvent pas se réduire à l'excellence d'un décor. Il serait intéressant d'envisager ce qui fait la singularité et l'efficacité d'un film expressionniste et de toute évidence, le jeu de l'acteur y prend une part importante.
  
 Robert Wiene, le réalisateur (1881-1938) fut acteur et metteur en scène au théâtre.  Le théâtre a été une composante importante dans ce qui fit ce fameux jeu de l'acteur du film expressionniste. Ce jeu se caractérise par les excès, l'exagération, la concision des gestes qui sont souvent saccadés (le déplacement est mécanique, un peu à la manière des pantins et on en a un merveilleux exemple à l'occasion de la scène du réveil de Cesare). C
omme dans les décors, rien n'est naturel. L'émotion est amplifiée et l'acteur tient à en faire la démonstration : son corps est tordu, souvent de biais, son visage également se vrille (Fritz Kortner dans Le Montreur d'ombres, déjà évoqué), la bouche se tord, le blanc des yeux, que le maquillage noir et outrancier accuse, envahit l'orbite (toujours le fameux Fritz Kortner, ici dans Hintertreppe (1921), les gestes sont extravertis à tel point que les bras semblent parfois s'allonger comme s'ils se détachaient du corps (Nosferatu de Murnau).

Et puis les mains qui tiennent une place si importante dans ces films expressionnistes : elles sont systématiquement crochues, comme des serres et les ombres qui les dédoublent ou les prolongent leur confèrent une autonomie inquiétante au plus haut point (voir les mains de Werner Krauss dans  le photogramme ci-dessus). Le Nosferatu en est une fois encore, un bel exemple. Les mains iront jusqu'à  occuper la vedette d'un film intitulé Les mains d'Orlac (Orlacs Hände, de 1924 du même Robert Wiene, avec Conrad Veidt dans le rôle titre et Fritz Kortner) racontant l'inquiétante histoire d'un pianiste qui a eu les mains coupées, et à qui l'on a greffé les mains d'un assassin ; à la suite de cette opération il va voir les crimes se multipler autour de lui. Orlac se demandera alors s'il n'a pas, à son insu, hérité des penchants du criminel*.



 Lecteur, il y aurait encore tant de choses à dire. Il va falloir choisir...donc je te raconte pas tout. On verra demain (peut-être).
         
 *séance à la cinémathèque :  Les mains d'Orlac Samedi 30 Décembre 2006 - 17h30 - SALLE GEORGES FRANJU
-séance à la cinémathèque :LE CABINET DU DOCTEUR CALIGARI ,  Samedi 16 Décembre 2006-19h00 -SALLE HENRI LANGLOIS -
         
illustrations : photogrammes des films

Voir l'exposition à la  Cinémathèque française (Paris), 
Le cinéma expressionniste allemand, splendeurs d'une collection
         

       
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4 décembre 2006 1 04 /12 /décembre /2006 07:00
  Le Cabinet du Docteur Caligari
ombres


Ne dis jamais devant un tableau expressionniste que la maison y semble un peu bancale. Car ce n’est pas une maison, c’est un tableau.

Rudolf BLÜMNER 
Comment se comporter dans un exposition
Dans Die Quirsanze, repris dans Der Sturm (avril 1921)
  
 Il va
en effet se passer  quelque chose d’étonnant pour un film et c’est peut-être la seule fois que cela se produira dans l’histoire du cinéma :  les scénaristes vont faire appel à un décorateur (Hermann Warm) qui lui même demandera à deux peintres (Walter Reimann et Walter Röhrig, du Sturm) de travailler pour lui et ce film sera imaginé, fabriqué autour d’un décor. Ce décor, loin de se fondre dans l’histoire va prendre une part active et surdéterminer ce qui va se dérouler tout au long de la projection. Les rues sont tordues, les maisons sont bancales, les plans sont systématiquement obliques, les contrastes sont violents, même les lumières et les ombres sont peintes sur le sol. La conception du film sera proprement picturale sans aucune volonté de donner la moindre dimension crédible ou réaliste aussi bien aux différents espaces représentés qu’à une histoire qui sera à la fois délirante, morbide, extravagante et d’une étrange beauté. Le récit est en effet délirant, ce qui explique la forme délirante du film.

Le film,  Le Cabinet du Docteur Caligari, commence dans une cour. Deux personnages sont assis sur un banc et conversent. C’est un extérieur et l’on a néanmoins l’impression d’un monde clos. Fermé. Vaguement inquiétant. Un jeune homme raconte une chose qu'il a vécue il y a longtemps, un événement étrange : un jour qu’il se promenait dans une foire, il remarque un homme qui exhibe une créature apparemment sous hypnose. Cet homme, au physique et au comportement étonnants, cet homme étrange qui va traverser le film, c’est  le docteur Caligari (Werner Krauss). L’étrange créature qu’il manipule, c’est Cesare (Conrad Veidt, acteur tout à fait extraordinaire) qui sous la coupe de Caligari va commettre des crimes ...
Le Docteur Caligari dans son numéro de foire annonce que Cesare va ouvrir les yeux pour la première fois devant l'auditoire rassemblé dans cette pièce sombre. Il s’agit du premier regard et il va s’éveiller au monde. On apprend que Cesare est évidemment capable de prédire l’avenir une fois éveillé… Mais la prédiction devient malédiction. Un participant se prête au jeu des questions et la première qui lui vient à l’esprit est : «Combien de temps me reste-t-il à vivre ? ». Cesare lui répond : «Tu as jusqu’à l’aube». Au matin, le jeune homme sera poignardé.
Cesare, la créature somnambule sortie du sarcophage,  va voir le monde pour la première fois  mais il va être effrayé. Le cadrage serré, le regard caméra vont contribuer à transmettre cette panique.
 

Bon, lecteur inquiet, je te raconte pas tout. On verra demain (fais gaffe à ton ombre et passe une bonne nuit).
         
 
         
illustrations : photogrammes du film une affiche (d'époque)du film et un dessin préparatoire

Voir l'exposition à la  Cinémathèque française (Paris), 
Le cinéma expressionniste allemand, splendeurs d'une collection
         

       
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3 décembre 2006 7 03 /12 /décembre /2006 07:00
  Le Cabinet du Docteur Caligari
ombres

L'Expressionnisme allemand est une nébuleuse trouble qui échappe à toute définition et qui malgré tout est identifiable, au moins dans certaines de ses composantes lorsque celles-ci apparaissent. Il y a, paraît-il, assez peu de films réellement expressionnistes. En voici un.
 L’exposition qui se tient actuellement à la cinémathèque de Paris tente  avec succès et finesse de dessiner les contours de cet expressionnisme au cinéma. On s'aperçoit que par facilité, certains auteurs, certains critiques, appellent souvent «expressionniste» un cinéma qui ne l'est pas. Beaucoup de films sont rangés dans cette catégorie par commodité parce que le réalisateur est allemand, vaguement de l'époque ou bien que certains traits esthétiques renvoient aux films expressionnistes identifiés comme tels. Mais il en est un dont on est sûr qu’il est bien un film expressionniste, c’est Le Cabinet du Docteur Caligari de Robert Wiene. C’est peut-être même le seul film expressionniste, déclarait la semaine dernière un spécialiste dans une conférence qu’il tenait en marge de l’exposition.

La genèse du cinéma expressionniste est peut-être bien liée à la genèse de ce film de 1919.

 A l'origine de ce film étonnant, qui n'a jamais eu aucun équivalent dans l'histoire du cinéma malgré les vocations qu'il a fait naître, tant son succès a été retentissant (on parlera de «caligarisme» concernant de nombreuses productions ultérieures) il y a une rencontre, celle de deux jeunes intellectuels, Hans Janowitz  et Carl Mayer qui décident d’écrire ensemble un scénario. Deux histoires personnelles vont être mélées : Janowitz pense avoir été témoin d’un crime sexuel à Hambourg et aurait reconnu
le meurtrier présumé, un peu plus tard, à l'occasion de l'enterrement de la victime, semble-t-il. Carl Mayer, lui, a été traumatisé par le psychiatre militaire qui a tenté d’ébranler sa santé mentale.
Il faut rappeler que l’on est dans le contexte du traumatisme de la guerre de 1914 lié au choc violent subi, et au pessimisme et à l’angoisse du quotidien.
Dans Le Cabinet du Docteur Caligari , tout le drame est raconté par un fou à un autre fou et les personnages, les décors, subissent la déformation visuelle de l’œil de ce fou. *
Et, en effet, dans ce contexte de chaos, il va se passer quelque chose d’étonnant pour un film :

Bon, lecteur curieux, je ne te raconte pas tout, tout de suite. On verra demain.
         
* Cité d'après L'Avant-Scène, juillet/septembre 1975 (Spécial fantastique) p 10
         
illustration : catalogue de l'exposition  qui se tient à la Cinémathèque française (Paris), 
Le cinéma expressionniste allemand, splendeurs d'une collection, Éditions de la Martinière, p 95
         

       
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2 décembre 2006 6 02 /12 /décembre /2006 07:00
  Schätten
ombres

Le Montreur d'Ombres, Schätten est un film de 1922. Un film expressionniste. Allemand. Les ombres, maléfiques, rédemptrices ou guérisseuses, en sont les protagonistes. Mais pourvoyeuses du rêve, de toute évidence. Peut-être une sorte d'allégorie moderne du cinéma .

L’action se déroule dans une petite ville à l’époque du Directoire. Des amis sont conviés à dîner chez un baron (Fritz Kortner) (ou un comte ?) particulièrement jaloux. Il est vrai que tous recherchent les faveurs de sa femme (Ruth Weyer), créature séductrice et coquette. Il est certain que l’un des invités est son préféré, mais on ignore s’il est son amant. Tous sont assis autour d’une table somptueusement garnie, s’épiant mutuellement – les soupirants entre eux, le mari et les soupirants – à la lumière des candélabres.

C’est alors qu’arrive une sorte de batteleur, jongleur et illusionniste (Alexander Granach) qui propose son art pour égayer cette soirée. Il désire projeter sur le mur, avec des chandelles, des jeux d’ombres – celles des personnages assemblés. En fait, il a immédiatement senti les conflits qui existaient entre les personnages et se propose de les exorciser. Ayant mis en état d’hypnose toute l’assemblée, il fait surgir à travers leurs ombres, les mobiles les plus cachés qui les animent. Ces ombres, qui se substituent aux personnages réels vont accomplir des actions d’une rare violence. La baronne part avec son amant, le mari le tue en duel et, après avoir fait fouetter sa femme ligotée par un valet, il sombre dans la folie furieuse. Le montreur d’ombres arrête alors le spectacle, réveille les personnages. Les ombres quittent le mur et se fondent une à une avec les êtres de chair qu’elles ont remplacés l’espace d’un rêve. Le baron jette quelques écus à l’illusionniste qui disparaît dans la nuit. Réveillés, les personnages se regardent sans oser croire ce qu’ils ont vu. Les soupirants s’éclipsent, la baronne ne cache pas son amertume et sa déception.

Ce texte est le résumé du film établi par Jean-Michel Palmier dans son livre L'Expressionnisme et les arts, Éditions Payot, Paris, 1980, p276
         
Film : Allemagne, 1922, 62 Min,
Réalisation: Arthur Robison
Scénario: Arthur Robison, Rudolf Schneider
camera: Fritz Arno Wagner
Décors : Albin Grau
avec
: Fritz Kortner (le mari); Alexander Granach (Mesmeriste); Ruth Weyher (la femme); Gustav von Wangenheim (l'amoureux); Max Gülstorff, Eugen Rex and Ferdinand von Alten (les soupirants); Fritz Rasp (le valet); Lilli Herder (la servante); Karl Platen.
musique: Uwe Oberg (Piano)

         
Tu as de la chance, lecteur curieux et émerveillé : aujourd'hui le Montreur d’ombres, c'est moi ! En effet, je t'offre une séance de cinéma à domicile (1h02) : tu vas pouvoir voir Le Montreur d'ombres entièrement, chez toi, bien calé dans ton fauteuil :

*********************
LeMontreur d'ombres*******************
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1 décembre 2006 5 01 /12 /décembre /2006 07:00
  Vito Acconci
ombres

Il s’agit d’un film en super 8. Une image grise. On voit un homme qui gesticule, à la manière d’un boxeur. Il lutte de manière agressive avec l’image projetée, négative d’une ombre : la sienne. Il combat avec lui-même comme s’il s’agissait d’un autre et tente de mimer cet autre.
 
«Shadow Play»  est un des volets d’une sorte de triptyque filmé intitulé «Three Relationship Studies». Chaque élément vise à explorer cette dynamique mise en œuvre à l’occasion d’échanges non-verbaux. L’effet-miroir joue pleinement dans cette mise en scène du corps. Le volet intitulé «Shadow Play» (que l’on peut voir dans les collections du Centre Georges Pompidou) est particulièrement efficace de ce point de vue puisqu’il met l’invididu directement face à lui-même, face à sa doublure (un autre) par le truchement d’une ombre, la sienne. C’est une expérience que l’on a tous vécue mais Acconci la montre, la fait durer, la retient, et lui donne ainsi une consistance.
Certaines pièces fixes ont été produites à partir de cette œuvre dont une est visible au Centre Pompidou à Paris.
         
 Vito Acconci est né en 1940 à New York. C’est un artiste très particulier. Dérangeant. Sa formation est littéraire et il va se consacrer à la poésie. Il fonde et co-édite notamment une revue, 0 to 9.  Les recherches esthétiques l’intéressent et particulièrement tout ce qui tourne autour du minimalisme.
 Mais c’est par l’image filmée qu’il s’exprimera et se fera connaître. En 1970 on enregistre en super 8. Les petits films qu’il va tourner sont habités par des préoccupations d’ordre conceptuel. C’est un courant qui se développe de manière active aux États Unis à cette époque. Les galeries qu’il fréquentera pour montrer ce travail constitueront un socle fort pour la connaissance qu’on aura de ses activités et la diffusion de ses œuvres. Il se mettra en scène, sans artifice, explorant des comportements, des gestes, jouant sur la répétition, l’épuisement, faisant éprouver au spectateur la gêne, le malaise, l’ennui, la fatigue, ou d’autres sensations encore.
Le super 8, tel qu’il l’utilise, renvoie à un espace privé, centré sur soi, témoin de ses propres limites. Plus tard Vito Acconci travaillera au contraire sur l’espace public, l’espace urbain.
         
         
         
illustrations Vito Acconci :

*photogramme de Three Relationship Studies, 1970 (
Shadow Play)
 Film composé de 3 parties : Shadow Play, Imitations et Manipulations (performers : Vito Acconci et Kathy Dillon)
Film cinématographique Super 8 couleur, silencieux
Durée : 12'
Mentions générique : THREE RELATIONSHIP STUDIES. / VITO ACCONCI SUMMER-FALL 1970 / 1. SHADOW PLAY
Distributeur : Leo Castelli Gallery
Collection Musée d'art moderne, Centre Georges Pompidou, Paris

* Shadow box, 1970. L'œuvre est tirée du film super 8  intitulé
Three Relationship Studies,
Épreuve gélatino-argentique, papier noir, carton, crayon de couleur, 82x107,5 cm.
Centre Georges Pompidou, achat 1991
         

       
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30 novembre 2006 4 30 /11 /novembre /2006 07:02








30 NOVEMBRE 2006 Léonard de VINCI

29 NOVEMBRE 2006 Andy WARHOL

28 NOVEMBRE 2006 HOLBEIN

27 NOVEMBRE 2006 MASACCIO

26 NOVEMBRE 2006 Fra ANGELICO

25 NOVEMBRE 2006 Nicolas POUSSIN - Et in Arcadia ego

24
NOVEMBRE 2006 M le Maudit - Fritz LANG

23 NOVEMBRE 2006 Christian BOLTANSKI 2.

22 NOVEMBRE 2006 Christian BOLTANSKI

21 NOVEMBRE 2006 Figure et idole - Régis DEBRAY

20 NOVEMBRE 2006 McADAMS

19 NOVEMBRE 2006 David ALLAN

18 NOVEMBRE 2006 La fille de DIBUTADE

17 NOVEMBRE 2006 Karen KNORR

16 NOVEMBRE 2006
PARIS-PHOTO.

15 NOVEMBRE 2006 Robert RAUSCHENBERG 8.

14 NOVEMBRE 2006 Robert RAUSCHENBERG 7.

13 NOVEMBRE 2006 Robert RAUSCHENBERG 6.

12 NOVEMBRE 2006 Robert RAUSCHENBERG 5.

11 NOVEMBRE 2006 Robert RAUSCHENBERG 4.

10
NOVEMBRE 2006 Robert RAUSCHENBERG 3.

09 NOVEMBRE 2006 Robert RAUSCHENBERG 2.

08
NOVEMBRE 2006 Robert RAUSCHENBERG

07 NOVEMBRE 2006 HASSELBLAD

06
NOVEMBRE2006 Jonathan MONK

05 NOVEMBRE 2006 Nan GOLDIN

04
NOVEMBRE 2006 Joachim MOGARRA

03
NOVEMBRE 2006 Natacha LESUEUR

02
NOVEMBRE 2006 Enzo et Raffaello BASSOTTO

01 NOVEMBRE 2006 Elina BROTHERUS

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30 novembre 2006 4 30 /11 /novembre /2006 07:00
  Léonard de Vinci
ombres

«Les peintres désapprouvent  au plus haut point la lumière trop brutalement divisée par des ombres. Pour parer à ce défaut, quand tu représentes des personnages en plein air, ne les montre pas sous le soleil, mais ingénie-toi à placer une certaine quantité de brume ou de nuage transparent entre les corps et le soleil, et ainsi [….] les contours des ombres ne discorderont pas avec les contours des clairs.»
         
Léonard de VINCI

 Trattato della pittura. (Codex Urbinas, folio 40v)
                   

                 
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attraper les mouches

Fumier