9 octobre 2007
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| The Third Mind |
| Palais de Tokyo - Paris Carte blanche à Ugo RONDINONE. Nancy GROSSMAN fait partie des 31 artistes sélectionnés par RONDINONE pour cette carte blanche. Lorsque l'on pénètre dans l'exposition, après avoir été saisis par les sculptures monumentales de Ronald Bladen et séduits par les objets photographiques de Cady Noland notre intérêt est immédiatement capté par une étrange et fascinante ligne de têtes noires, alignées telles des sentinelles muettes, à la fois extraordinairement attirantes et repoussantes. En nous retournant, nous nous apercevons qu'au loin, à l'autre bout de l'immense salle d'exposition, une autre ligne de ces têtes, encore plus longue, encore plus imposante, bloque l'espace, l'emprisonne tel un étau. Il s'agit des têtes de cuir de Nancy GROSSMAN. |
En voici quelques-unes : |
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Nancy GROSSMAN vit et travaille à New York. Née en 1940. Ses travaux sont très singuliers. Elle est sculpteur, dessine, a fait des collages mais c'est assurément ces têtes de cuirs et matériaux divers qui l'ont distinguée et lui ont donné la notoriété qu'elle mérite. Fin 1995, elle souffre soudainement d'un assez grave affaiblissement de la main gauche, ce qui compromet sérieusement ses capacités de sculpteur. Cette main ne lui obéit plus, doit passer par la chirurgie et Nancy GROSSMAN ne peut qu'interrompre son activité pendant un temps assez long. Le travail du bois lui est interdit et elle va donc se tourner vers d'autres matériaux, d'autres pratiques. La fiche de présentation du Palais de Tokyo indique : «Ses matériaux de prédilection comme le tissu, le cuir ou le métal délimitent un univers où la sexualité se mêle à la violence sous un jour ambigu et fascinant. Le thème du corps y est omniprésent, comme dans la célèbre série des "têtes" . Ces "têtes" de bois sculpté sont habillées de cuir noir et de formes agressives : pic, cornes, harnais de chevaux. Chaque visage masqué marque à la fois l’instrumentalisation des corps et la dissimulation de toute identité.» Concernant «l’instrumentalisation des corps et la dissimulation de toute identité», les choses la concernant ne sont peut-être pas aussi claires. J'essaie d'y revenir demain (enfin, peut-être). |
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illustrations (photographie de l'auteur) : Nancy Grossman |
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Palais de Tokyo - Paris du 27 Septembre 2007 au 03 Janvier 2008 |
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8 octobre 2007
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| The Third Mind |
| Palais de Tokyo - Paris RONALD BLADEN.LEE BONTECOU.MARTIN BOYCE.JOE BRAINARD.VALENTIN CARRON.VIJA CELMINS.BRUCE CONNER.VERNE DAWSON.JAY DEFEO.TRISHA DONNELLY.URS FISCHER.BRUNO GIRONCOLI.ROBERT GOBER.NANCY GROSSMAN.BRION GYSIN ET WILLIAM S.BURROUGHS.HANS JOSEPHSOHN.TOBA KHEDOORI.KAREN KILIMNICK.EMMA KUNZ.ANDREW LORD.SARAH LUCAS.HUGO MARKL.CADY NOLAND.LAURIE PARSONS.JEAN-FREDERIC SCHNYDER.JOSH SMITH.PAUL THEK.ANDY WARHOL.REBECCA WARREN.SUE WILLIAMS C'est la carte blanche à Ugo RONDINONE. |
Pour l'occasion, l'artiste suisse Ugo RONDINONE a remodelé les volumes de ce Palais de Tokyo qui se présentait comme une espèce de faux squat, un espace partiellement laissé en l'état. Pour cette exposition, on a affaire à un lieu redevenu traditionnel avec murs peints, velums afin d'éviter une trop grande hauteur de plafond dans certaines salles et rigueur dans l'enchaînement des lieux de présentation des œuvres (les portes ont toutes la même hauteur, la même largeur). |
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Ugo RONDINONE monte une exposition puissante, sophistiquée, composée d'artistes d'envergure. On sent un œil sûr, exigeant. Rondinone sait nous étonner, sait fasciner. Sa méthode consiste à provoquer des correspondances entre des œuvres extrêmement variées tant dans leur propos que dans leur taille ou leurs matériaux. La très grande salle initiale présente une belle série d'œuvres de Cady Noland (photographies de presse sérigraphiées puis collées sur aluminium et présentées comme des "sculptures plates") confrontée aux immenses (il serait plus juste de dire monumentales) sculptures d'un Bladen qui occupe l'espace comme on ne peut se l'imaginer. Puis trônent comme des sentinelles inquiètantes et fascinantes des alignements de têtes de cuir d'une Nancy Grossman dont je parlerai demain (enfin, peut-être). |
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illustrations : 1, Cady Noland et 2/7, Sarah Lucas |
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Palais de Tokyo - Paris du 27 Septembre 2007 au 03 Janvier 2008 |
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7 octobre 2007
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6 octobre 2007
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| secret |
| «Marcel est incinéré au cimetière du Père-Lachaise. «Après son incinération, se souvient Paul Matisse, nous avons demandé de vérifier le contenu de l'urne. Bernard Monnier [le mari de Jackie] et moi avons accepté. Ce que j'ai tout de suite remarqué parmi les cendres, c'était ses clefs. Elles étaient restées dans sa poche... [...] Elles étaient là, dans les cendres, elles n'avaient pas fondu. Pour moi c'était un miracle de voir cela, parce que cette question de secret, de clefs, a toujours tourné autour de Marcel et de son œuvre. On nous a demandé si nous voulions récupérer les clefs. J'ai tout de suite répondu : "Non, on les laisse".». Quelques jours plus tard, les cendres de Marcel Duchamp sont transférées au cimetière de Rouen.» |
| Marcel Duchamp, Bernard Marcadé, Flammarion, 2007, p 495 |
Petit extrait de l'avant-dernière page du livre de Bernard Marcadé sur Marcel Duchamp dont je recommande vivement la lecture. Lire Marcadé est toujours très vivifiant. |
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illlustration : Á bruit secret, Marcel Duchamp, N.Y. 1916, © 2001 Succession Marcel Duchamp ARS, N.Y. / ADAGP, Paris. |
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5 octobre 2007
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 | Épitaphe de Marcel Duchamp, cimetière de Rouen. |
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4 octobre 2007
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3 octobre 2007
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| ruines |
| Le XVIIIe siècle va produire beaucoup de ruines...en peinture. Un des plus fameux représentants de ces mises en scène de lieux plus ou moins célèbres fut sans aucun doute Hubert Robert. Ici c'est la Grande Galerie du Louvre qui est choisie : le lieu de la Peinture. Mais d'autres lieux de la peinture le seront aussi comme Rome, où les peintres devaient passer obligatoirement. |
Les ruines sont généreuses, relèvent (ou souhaitent relever) du sublime. L'atmosphère pleine de mélancolie est travaillée dans ces toiles ; elle est l'expression du temps inéluctable ainsi que du génie créateur, impérial mais néanmoins soumis à quelque chose qui le dépasse. |
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illustration : Hubert Robert, Vue de la Grande Galerie du Louvre en ruines, 1796, Paris, musée du Louvre
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2 octobre 2007
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| ruines |
| Sous les pieds de Saint Sébastien, des fragments éclatés de sculptures de l'Antiquité. A côté, un pied de pierre, brisé. Le saint est attaché à une colonne qui appartenait à un temple effondré. Les ruines sont ici signe d'espoir : c'est la victoire du christianisme sur le paganisme. |
Ce Saint Sébastien montre l'ambivalence du thème de la ruine : tantôt la destruction et sa cohorte de malheurs, tantôt la victoire et l'espoir d'un monde nouveau. |
Ne perdons pas de vue que le temps est perçu comme un élément destructeur et que cette poétique de la ruine servira ce propos. Le XVIIIe siècle passant par là, le sublime va s'immiscer et les ruines vont envahir les tableaux. Diderot pourra écrire : «Ô les belles, les sublimes ruines (...) Les idées que les ruines éveillent en moi sont grandes. Tout s'anéantit, tout périt, tout passe,il n'y a que le monde qui reste, il n'y a que le temps qui dure. Qu'il est vieux ce monde ! Je marche entre deux éternités.»* |
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illustration : Le martyre de Saint Sébastien, (en haut, détail), vers 1480, Andrea Mantegna, Paris, musée du Louvre * Denis Diderot, Salons, vol III, 1767 (cité par Daniel Arasse in Anselm Kiefer, Éditions du regard, 2007, p279) |
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1 octobre 2007
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07:46
| ruines |
| " Chute d'étoiles". C'est le titre retenu par Anselm Kiefer pour l'exposition qu'il a choisi de mettre en espace au Grand Palais entre mai et juillet 2007. Cette impressionnante présentation d'un très grand artiste allemand contemporain est tout entière traversée par la poétique de la ruine. La ruine a évidemment partie liée à la chute, autre thématique traditionnelle. |
Anselm Kiefer est hanté par l'histoire de son pays. Son œuvre est complexe, délicate à approcher, à interprêter, mais deux poètes ont donné du sens à sa pratique artistique : Paul Celan et Ingeborg Bachmann. Ces deux figures de la poésie contemporaine incarnent l'engagement et la mémoire. L'histoire, encore récente, de l'Allemagne est faite de destruction, d'atrocités et de culpabilité. Quelques cerveaux et quelques paysages en portent parfois les traces ; les paysages urbains de moins en moins mais les œuvres d'art sont là pour entretenir la mémoire. Il existait, dans l'exposition, une tour de dix-huit mètres de haut. Anselm Kiefer, après l'avoir érigée et considérant son côté factice, l'a écroulée au bulldozer, organisant ainsi un éboulis-catastrophe, souvenir d'une violence dont les traces sont les gravats que nous avons foulés en déambulant dans ce lieu qui nous a tant rappelé les cicatrices de l'histoire. Cette préoccupation pour la ruine a été une constante dans l'œuvre de Kiefer. Aussi bien dans le travail autour des pyramides que celui concernant les briquetteries. Préoccupation donc pour la "poétique des ruines". Parfois avec une certaine ambiguïté, d'ailleurs. Dès le début des années 80, il entame une série ayant pour sujet les grandes architectures nazies. Daniel Arasse, dans son ouvrage sur Anselm Kiefer, écrit : «Après avoir cédé à la fascination suscitée par le plaisir visuel provoquée par cette évocation de l'image ruinée du nazisme, il a en effet observé que la monumentalisation architecturale, renforcée par la perspective centralisée, était elle-même «minée» tant par la mise en évidence des multiples surfaces et matières superposées et accumulées que par la luminosité et l'immatérialité qui rendent les architectures fantômatiques et dénient donc leur monumentalité. Éprouvant alors le sentiment d'avoir été pris au piège (bien connu depuis Benjamin) de l'esthétisation fasciste, il a été conduit à penser que ces ruines constituaient des «monuments à la représentation démagogique du pouvoir et «affirmaient ce pouvoir de la représentation que le modernisme a tant fait pour mettre en cause»*. L'œuvre de Kiefer reste une œuvre titanesque, tragique et mélancolique à la fois. |
* Daniel Arasse, Anselm Kiefer, Éditions du regard, 2007, p88 |
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photographie de l'auteur, exposition Chutes d'étoiles, Grand Palais, 30 mai 2007 |
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30 septembre 2007
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