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13 janvier 2008 7 13 /01 /janvier /2008 12:03
  Je suis un homme ridicule
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Je suis un homme ridicule. Maintenant, ils disent que je suis fou. Ce serait une promotion, s'ils ne me trouvaient pas toujours aussi ridicule. Mais maintenant, je ne me fâche plus, maintenant je les aime tous, et même quand ils se moquent de moi -c'est surtout là, peut-être, que je les aime le plus. Je me moquerais bien avec eux, pas de moi-même, non, mais en les aimant, si je n'étais pas si triste quand je les vois. Si triste, parce qu'ils ne connaissent pas la vérité, et, moi, je connais la vérité. Oh qu'il est dur d'être seul à connaître la vérité ! Mais ça, ils ne le comprendront pas. Non, ils ne le comprendront pas.




DOSTOÏEVSKI
Le Rêve d'un homme ridicule
Actes Sud, 1993, p 11
   
   
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10 janvier 2008 4 10 /01 /janvier /2008 07:06
  Courbet aux Emirats
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Pour le Louvre à Abu Dhabi, "il n'y a pas de tabou"


LE MONDE | 08.01.08 | 16h58  •  Mis à jour le 08.01.08 | 16h58
ABU DHABI ENVOYÉ SPÉCIAL


Le ministre de la culture et du tourisme d'Abu Dhabi, cheikh Sultan Bin Tahnoun Al-Nahyan, analyse le projet français :
(…)

«L'inquiétude, en France, était aussi artistique. L'art se veut parfois provocateur. Sera-t-il possible de tout montrer au Louvre d'Abu Dhabi?

- Notre approche est simple : les oeuvres doivent répondre à la demande du public, j'oserais même dire à la demande du marché. Nous avons une histoire, une culture. Tout ne peut se faire trop brutalement. Mais pour moi, il n'y a pas de tabou.

Pas même la représentation de la nudité ?

- Je crois avoir été assez clair. Mon critère est pragmatique. Nous voulons attirer le maximum de visiteurs dans nos musées. Nous tiendrons compte de nos contraintes culturelles. Mais, peu à peu, le marché triomphera.»


Propos recueillis par Nathaniel Herzberg
Article paru dans l'édition du 09.01.08.
   
Le commissariat de l’exposition COURBET, présentée actuellement au Grand Palais à Paris,  est assuré par Mme Laurence des CARS qui est par ailleurs la directrice scientifique de l’agence en charge du Louvre Abu DHABI. Une rétrospective COURBET serait-elle possible  à Abu Dhabi ? Comment Mme des Cars pourrait-elle assurer un accrochage fidèle à l’artiste et aux exigences scientifiques dans un tel contexte culturel et politique ?
   
   
   
   
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9 janvier 2008 3 09 /01 /janvier /2008 07:09
 Simone de Beauvoir
 9 janvier 1908 - 14 avril 1986
undefined exposition ROGERS + architectes, Centre Pompidou undefined   exposition ROGERS, côté piazza
   
Il n'y a pas de mort naturelle : rien de ce qui arrive à l'homme n'est jamais naturel puisque sa présence met le monde en question. Tous les hommes sont mortels mais pour chaque homme sa mort est un accident et, même s'il la connaît et y consent, une violence indue.



Simone de BEAUVOIR

Une mort très douce,
Éditions Gallimard, collection Folio, 1964, p 152
   
Simone de BEAUVOIR, 9 janvier 1908-14 avril 1986
   
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7 janvier 2008 1 07 /01 /janvier /2008 07:07
 
      Richard ROGERS + Architectes
Centre Pompidou
21 novembre 2007-3 mars 2008
             
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L'exposition «Richard Rogers + architectes» est la première rétrospective consacrée à la carrière de l'architecte et de son équipe. Grâce à trois façades vitrées de la Galerie sud donnant sur la rue, l'exposition est ouverte sur la ville, respectant ainsi les principes fondateurs du bâtiment réalisé par l'architecte en collaboration avec Renzo Piano. Sur le quatrième côté, l'unique cimaise du lieu présente en une chronologie exhaustive quarante ans d'activité, avec des projets et des réalisations par centaines.

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Une cinquantaine de ces projets, sélectionnés pour l'exposition, sont présentés sur des tables baignées de lumière : l'éclairage artificiel émanant des luminaires dessinés par l'architecte s'ajoute à une abondante lumière naturelle. Les projets sont répartis par thèmes et les tables  forment des îlots irréguliers construisant les quartiers d'une ville imaginaire. Chacune de ces notions, explicitées par des textes qui rendent compte de leur usage au sein de l'agence, est illustrée par une «réalisation icône» qui fédère dans son sillage les édifices qui en sont les plus représentatifs.
             
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Maquettes et photographies ont été privilégiées pour exposer processus de conception, déroulement du chantier, usage et fonctionnement des bâtiments. Ruelles tortueuses et larges avenues s'offrent à la déambulation des visiteurs. Au cœur de l'installation, une piazza propose un espace de respiration. En périphérie, un quartier est en devenir, celui des «travaux en cours». 
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5 janvier 2008 6 05 /01 /janvier /2008 08:40
  Gustave COURBET, rétrospective
exposition au Grand Palais, Paris
jusqu'au 28 janvier 2008
«Dans le cabinet de toilette du personnage étranger auquel j'ai fait allusion, on voyait un petit tableau caché sous un voile vert. Lorsque l'on écartait le voile, on demeurait stupéfait d'apercevoir une femme de grandeur naturelle, vue de face, extraordinairement émue et convulsive remarquablement peinte, reproduite "con amore", ainsi que le disent les Italiens, et donnant le dernier mot du réalisme. Mais par un inconcevable oubli, l'artisan avait négligé de représenter les pieds, les jambes, les cuisses, le ventre, les hanches, la poitrine, les mains, les bras, les épaules, le cou et la tête.»
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 Maxime DU CAMP
Les convulsions de Paris, 1878
  l'Origine du Monde, Musée d'Orsay


Cette Origine du Monde est peut-être la peinture la plus scandaleuse de l'histoire de l'art ; une peinture faite par un peintre du scandale, mort il y a exactement 130 ans.

Et en 2007 le Grand Palais lui consacre une rétrospective.

Le 31 décembre 1877
Gustave Courbet, peintre en exil sur les rives du Léman s'éteignait à 58 ans.   Bouffi de cirrhose, déformé par l'hydropisie, Courbet était devenu tel qu'il avait fallu un wagon spécial à deux portes battantes afin qu'il puisse y monter  pour le ramener à La Tour-de-Peilz où il devait mourir.
Le corps débordant, exubérant, scandaleux dans ses formes et ses excès, envahissant jusque dans la mort, aura été une constante dans cette peinture sous des aspects multiples. Et il n'est sûrement pas un hasard que l'Origine du Monde soit la peinture qui demeure immédiatement associée au nom de Gustave Courbet.


undefined Dans l'œuvre du peintre, le corps est en effet partout jusque dans les paysages qui fonctionnent souvent comme des métaphores de la sexualité à des degrés divers : le mystère du trou noir de La Source de la Loue (à gauche) est évidemment à mettre en parallèle avec le mystère de l'Origine du Monde. Rien de trivial là-dedans, juste une préoccupation qui relève d'une curiosité essentielle liée à l'énigme de l'existence. La Vague, maintes fois représentée par Courbet,  en est un autre exemple.
Cette dimension de la chair  est présente dans toute l'exposition.
La rétrospective de 2007, à la différence de celle de 1977, n'est pas organisée de manière chronologique  mais obéit à un parcours  thématique ce qui donne une dynamique extraordinaire au travail de l'artiste. Plusieurs sections sont présentées :

-L'invention de Courbet : il s'agit d'autoportraits et du peintre en représentation.
-De l'intime à l'histoire : où l'on voit son attachement à sa terre, la Franche-Comté.
-Les manifestes : c'est la force de la peinture, la contribution essentielle du peintre à l'histoire de l'art à travers les grandes toiles que sont l'Enterrement à Ornans ou l'Atelier du peintre, immenses toiles déplacées spécialement pour l'exposition.
-Les paysages, Ornans, les falaises blanches, âpres.
-Les rapports à la photographie et particulièrement à l'œuvre de Gustave Le Gray.
-La tentation moderne : les allers-retours avec ses contemporains.
-Le nu : c'est évidemment là que l'on verra L'Origine du Monde (et son cache, le tableau d'André Masson le recouvrant à l'époque de Lacan quand il était en sa possession) mais également la Femme au Perroquet et d'autres encore.
-Les scènes de chasse.
-La Commune, la prison Sainte Pélagie, son exil et les tableaux du bord du Léman, les peintures de la fin comme cette truite (ci-dessous) qui affiche une expression étrangement humaine.
           
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Cette exposition est bouleversante du fait de son organisation qui permet non pas de comprendre mais d'approcher le réel d'un artiste qui s'est engagé toute sa vie à la fois dans un travail de fond, une remise en cause de la peinture mais également dans une participation totale aux événements politiques de son temps, participation qui lui vaudra de mourir en exil. Ce qui est touchant est de repérer la grandeur de l'artiste, ce qui le distingue à la fois de ses contemporains et de ses prédécesseurs mais aussi ses faiblesses, ses approximations, ses contradictions. Courbet est à la fois un  peintre classique mais quelqu'un qui sous couvert de réalisme produit de l'incongru. Courbet est un excellent peintre dont Delacroix lui-même admire le métier et l'invention(il l'évoque souvent dans son Journal) mais un artiste d'une grande maladresse dans ses peintures de jeunesse et un certain nombre de celles qu'il produira après 1870. Son usage de la photographie pose problème et par là- même nous invite à réfléchir sur le prétendu  réalisme du peintre.
 
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Et effet, cette notion de réalisme, jusqu'à nos jours, va se situer au cœur des débats autour du travail de ce peintre qui pourtant la mettait à distance. Mais le fait que cette œuvre se situe historiquement au moment de l'avénement de la photographie n'est pas étranger à ces débats. C'est l'époque des photographes spécialisés dans la prise de vue de modèles vivants dont ils vont vendre les épreuves aux peintres. Des artistes aussi célèbres qu'Eugène Delacroix ou Gustave Courbet vont les utiliser. Le modèle utilisé par Courbet dans les Baigneuses (ci-dessus) a été photographié par Vallou de Villeneuve et c'est à partir d'une photographie de Vallou que Courbet peindra cette femme au geste bizarre et incompréhensible : Delacroix dira dans son Journal * en évoquant Les Baigneuses : «Que veulent ces figures ?».
Et c'est toute l'ambiguïté de ces tableaux que  Delacroix mettra à jour en s'interrogeant sur la méthode de Courbet : absolument admiratif des qualités de peintre des Baigneuses il épinglera l'incohérence des gestes et surtout le fait que ces figures semblent totalement étrangères à  l'espace pictural représenté. L'utilisation de la photographie explique évidemment cette appréciation. Delacroix avait repéré une façon d'assemblages constitués de figures hétéroclites réunies arbitrairement dans un paysage ou un espace peints magistralement. Une sorte d'avant-goût du collage moderne (Delacroix dira encore : «C'est un ouvrage de marqueterie»**)...
Et c'est donc cela que l'on appellerait le réalisme de Courbet ?

Courbet est un moderne, assurément, ou tout du moins le précurseur d'un Manet qui poussera beaucoup plus loin les intuitions de son aîné.
Courbet est un rebelle, aussi bien dans sa peinture que dans ses prises de positions politiques en prenant fait et cause pour la Commune. C'est un homme engagé, à tous points de vue.

Il faut courir  et voir cette exposition qui est un bonheur, une jouissance pour les yeux et l'intelligence.
           
           
           
 
           
           
* Eugène Delacroix, Journal, (1822-1863) Éd. Plon, 1931-32 et 1980, p 328, vendredi 15 avril 1853.
**Eugène Delacroix, op. cit., p 369, 17 octobre 1853.



Beaucoup de livres sur Courbet, l'œuvre et la vie de ce peintre sont riches.
A titre indicatif :

. Valérie Bajou, Courbet, Éd. Adam Biro, 2003.
. Serge Bismuth, L'enfance de l'art ou l'agnomie de l'art moderne, Éd. L'Harmattan, 2001.
. Bernard Teyssèdre, Le Roman de l'Origine, Éd. Gallimard, 2007.



 
           
Gustave COURBET, rétrospective
exposition au Grand Palais, Paris
jusqu'au 28 janvier 2008

 
actuatisation : je viens de m'apercevoir  qu'Elisabeth du site  de l'art à l'œuvre a mis un papier sur l'expo...
           
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2 janvier 2008 3 02 /01 /janvier /2008 08:06
  Helen SCHJERFBECK
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    C’était en 1987, au Petit Palais à Paris. Une exposition particulièrement étonnante était montrée qui me faisait découvrir des peintres que je ne connaissais pas, des peintres au nom bien souvent imprononçable et surtout des tableaux illuminés d’une lumière que je découvrais comme si un éclairage interne, particulier, était fourni avec la toile. Cette exposition s’appelait précisément Lumières du Nord et son propos était de rassembler un certain nombre d’œuvres d’artistes de ces pays du Nord de l’Europe, ces pays où le cycle du jour et de la nuit  ne ressemble en rien à celui que nous connaissons.

Et je me rappelle avoir été fasciné par les tableaux  d’une artiste ne montrant pas d’extérieurs (enfin, ceux qui étaient accrochés aux cimaises de cette exposition) : 

Cette artiste s’appelait Helen Schjerfbeck.
 
  Je me suis juré de retenir ce nom que je ne sais toujours pas prononcer. J’ai donc découvert les autoportraits  de cette femme et ma question était de savoir  ce qu’il avait fallu vivre pour quelqu’un qui l’engagerait dans un tel traitement de sa personne. Ces autoportraits sont en effet d’une rare exception. Les derniers, notamment. Non seulement cette femme a une façon extrêmement appuyée et dérangeante de se regarder mais ce regard semble adressé à n’importe lequel d’entre nous au moment où on  le croise. Il donne l’effet d’un reflet de soi-même, avec tout l’abîme de l'incompréhension  que l’on a à saisir ce qui ne peut que nous échapper à jamais, cet espace infini, cette espèce de trou, de vide, de sans-fond que nous devinons et qui est irreprésentable.

           
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Plastiquement Helen Schjerfbeck se montre un très grand peintre et  ces autoportraits sont l’aboutissement d’une peinture qui élague au fil du temps, qui soustrait le superflu, qui vide du nécessaire (ce ne sont que des prétextes de peintre) pour finalement atteindre à l’essentiel et peut-être mieux à l’irréductible.  Les derniers autoportraits sont faits de traits, de quelques traces, de la forme très schématique d’un crâne ou d’un lavis sans éclat mais l’intensité créée par ce peu d’éléments est d’une redoutable efficacité.

Je pourrais évoquer la vie de cette femme finlandaise tourmentée mais décidée, ses voyages (notamment à Paris) ses rencontres décisives,  ses déceptions amoureuses qui ont sans doute été des moteurs pour sa peinture mais ce ne serait qu’une série d’épisodes biographiques comme nous pouvons chacun en vivre ou bien d’anecdotes qui n’éclairent pas sur la peinture ou sur la détermination d’un artiste à passer à l’acte.

Une exposition à voir. Vite. Jusqu’au 13 Janvier 2008




Helen Schjerfbeck 1862-1946

Exposition du 20 octobre 2007 au 13 janvier 2008
Musée d'Art Moderne de la Ville de Paris
11 Avenue du Président Wilson Paris 16e
           
           
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1 janvier 2008 2 01 /01 /janvier /2008 14:05
je vœux pour toi, pour vœux, mieux
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31 décembre 2007 1 31 /12 /décembre /2007 17:34


26 DÉCEMBRE  2007  La morale des images

23 DÉCEMBRE  2007  La Visite de la Fanfare

17 DÉCEMBRE  2007   Les Méduses - Meduzot

16 DÉCEMBRE  2007  Augustus Frederick SHERMAN

11 DÉCEMBRE  2007  La valeur (de l'art)

8 DÉCEMBRE  2007  Définition de l'art

5 DÉCEMBRE   2007  Spencer TUNICK - Mickaël WURTENBERG .2

4 DÉCEMBRE  2007  La Mort à Venise

3 DÉCEMBRE   2007  Ils exagèrent vraiment

2 DÉCEMBRE   2007  Spencer TUNICK - Mickaël WURTENBERG

1 DÉCEMBRE  2007  Esthétique


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26 décembre 2007 3 26 /12 /décembre /2007 22:05
   La morale des images
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Des archéologues péruviens* viennent de découvrir (20/06/07) le premier squelette d'un Inca tué par balle par les Espagnols de Francisco Pizarro (en 1536)
Pizarro fait exécuter Atahualpa, le dernier empereur des Incas (source :
Thehistorychannel.co
)  Au nom de la religion catholique.
   
* "Pour la première fois, nous avons identifié les restes humains d'un indigène tué pendant la conquête".
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es archéologues péruviens viennent de découvrir (20/06/07) le premier squelette d'un Inca tué par balle par les Espagnols de Francisco Pizarro (en 1536).
Et alors ? C'est la première fois que l'on a une preuve matérielle de la conquête puisque, jusque là, on devait se contenter des récits des chroniqueurs espagnols.

source : le site "desourcesure.com"
   
  Et puis, en lisant les journaux, en écoutant la radio, on entend ceci :
   
"Que s’il existe une morale humaine indépendante de la morale religieuse, la République a intérêt à ce qu’il existe aussi une réflexion morale inspirée des convictions religieuses.
D’abord parce que la morale laïque risque toujours de s’épuiser ou de se changer en fanatisme quand elle n’est pas associée à une espérance qui comble l’aspiration à l’infini."
 


La voix est connue, le contexte est la visite du chef de l'état au Vatican et c'était il y a seulement quelques jours. C'est  bien sûr, le discours du Président de la République française. Une république laïque.

Est-ce bien la morale laïque qui s'épuise ou se change de nos jours en fanatisme ? Les avions qui percutent les tours ou les explosions sur les marchés sont là pour nous le rappeler au quotidien.

source : agoravox
   
   
   
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23 décembre 2007 7 23 /12 /décembre /2007 10:57
  La Visite de la Fanfare
d'Eran Kolirin - avec Ronit Elkabetz, Sasson Gabai, Saleh Bakri
undefined C’est l’arrivée de huit hommes, de huit Egyptiens en costume militaire bleu ciel, dans un trou  perdu en Israël, de huit membres d’une fanfare de la police du Caire.

Ils traînent leurs instruments de musique et leur petite valise sous la chaleur et dans un paysage accablant pour finalement échouer à Bet Hatikvah, un lieu oublié de tous où vivent des gens rongés par la solitude et l’ennui.

Bet Hatikvah  est une sorte de petite bourgade Far West, perdue dans le désert, constituée d’habitations fonctionnelles, hideuses et répétitives, au bout d’une longue route hérissée de lampadaires. La fanfare doit s’y produire, invitée par le centre culturel arabe de la ville.
Mais personne n’est là pour les recevoir.
Les  musiciens vont très vite se rendre compte qu'il s'agit d'une erreur toponymique. La ville qui  les invite n'est pas Bet Hatikvah (qui signifie "la maison de l'espoir") mais  Petah Tikvah (qui signifie "la porte de l'espoir"). A l'inverse de Petah Tikvah qui est une grosse ville créée au XIXe siècle, Bet Hatikvah est un trou perdu où il n'y a qu'un seul petit café  et où le bus ne passe que très rarement. Pas d'hôtel. Ils sont coincés.
   
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Et ce café est tenu par Dina (l'éblouissante Ronit Elkabetz ci-dessus, à gauche) qui va proposer au chef de la fanfare (le talentueux Sasson Gabai, ci-dessus, à droite) de les héberger jusqu'au lendemain, jusqu'au futur passage du bus, en les répartissant dans les familles alentour.

C'est donc l'histoire de la confrontation au quotidien de deux groupes humains qui n'auraient jamais dû se rencontrer ou peut-être jamais dû se quitter tant l'Histoire commune de leurs deux nations a tout fait pour les opposer.

Ce huis clos va contraindre les différents protagonistes à se parler, se rapprocher, partager les repas, s'entraider dans les moments difficiles ou délicats du quotidien, faire appararaître le fond de chacun, les désirs, les frustrations, les espoirs, les petites humiliations, les velléités, les ratages et surtout montrer ce qui les rassemble dans leurs ressemblances, dans leur condition d'être humain soumis à des pressions équivalentes.

La Visite de la Fanfare est l'autre* film israélien sorti récemment qui évite le traitement traditionnel du sempiternel conflit politico-militaire -sans toutefois l'ignorer- et qui semble promis à un avenir prometteur. Ce film est un bijou de drôlerie, de finesse, de délicatesse et de générosité. Il faut avoir en mémoire le film
du Palestinien Elia Suleiman, Intervention divine qui est une sorte de pendant à celui-ci. La mise en scène est très minimale, beaucoup  de personnages restent muets, des taches bleues dans le décor, mais la personnalité de chacun des protagonistes est traitée de manière très fouillée.

La langue joue un rôle déterminant, à commencer par l'erreur toponymique qui fonde le propos du film. C'est l'anglais (minimal, lui-aussi) qui va être la monnaie d'échange et donc permettre la communication, à priori impossible.
Et ceci va malheureusement jouer contre le film, pas du point de vue artistique mais du point de vue commercial car l’Academy of Motion Pictures  a décidé qu'il était opportun de refuser à ce film la légitimité de représenter Israël dans la catégorie du meilleur film étranger pour les Oscars (plus de 50% des dialogues du film seraient en anglais). On prendra là toute la mesure de l'imbécilité d'un règlement qui nie le film dans la dimension-même du message qu'il est censé porter.

Et si l'art se montrait supérieur à la politique dans le rapprochement des peuples ?
Un très beau film à voir.


La Visite de la Fanfare
d'Eran Kolirin - avec Ronit Elkabetz, Sasson Gabai, Saleh Bakri
   
   
Prix sélection officielle au Festival du Film de Cannes 2007 dans "Un Certain Regard". Prix du Jury, Prix de la critique internationale, Prix de la Jeunesse. Aux European film Awards 2007, Sasson Gabai vient de recevoir le prix du meilleur acteur. Le réalisateur quant à lui, Eran Kolirin y a reçu l’European Discovery 2007.
Le film « La visite de la fanfare » d’Eran Kolirin a remporté le 1er prix du 24ème Festival international de Jérusalem (2007).
   
* voir "Les Méduses" de Etgar Keret et Shira Geffen.



Deux blogs à visiter qui évoquent le film :

° Israël montre sa bobine
° Aldor
   
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attraper les mouches

Fumier