Robert Frank | |||||
| Robert Frank, c'est ce type qui a réussi à faire pencher l'horizon. Juste ça. Pas grand chose, en somme. Quoi, pas grand chose ? Dans un même mouvement (un petit bouquin de 84 photos) il réussit en 1958 à se mettre contre lui l'Amérique blanche et prospère -telle qu'on la percevait à l'époque- et parvient au tour de force de révolutionner la belle histoire linéaire de la photographie, au moins celle du documentaire qui, tout d'un coup, va dire JE : un monde constitué de cadrages décalés, de flous, de têtes coupées, de destins mineurs. | ||||
Ce road-movie dans toute l'Amérique du nord, à l'époque de la beat generation, débouchera sur un livre au caractère expérimental pour l'époque : The Americans. Et ce sont ces tirages qui sont présentés au Jeu de Paume. | |||||
| Robert Frank, c'est lui, sur la photo de gauche. Et à droite LE bouquin de Robert Frank, celui qui a changé le regard sur ce monde du nord de l'Amérique. Mythique. Déjà la couverture, c'est tout un programme : une sorte de métaphore de la photographie = une espèce de planche contact où l'on voit des de gens variés, tous alignés. | ||||
Des jeunes, des vieux, des Blacks, des WASP, des femmes, des hommes, etc. En deux mots, un résumé de l'Amérique, quoi. Le tout rigoureusement cadré. Lui, venant de sa Suisse natale, a traversé l'Atlantique pour sillonner cette Amérique et faire un portrait de sa diversité. Une Amérique comme personne ne l'avait jamais vue. The Americans, 1958. Préface de Jack Kerouac. | |||||
| |||||
Signes forts de l'identité d'un pays hétéroclite, jeune, agité, excessif, plein de contradictions. Et la photographie qui doit rendre compte de tout ça. Travail au Leica. Cette manière d'aborder le quotidien des gens va être déterminante pour bon nombre de photographes. | |||||
| Toutes ces photographies (84 sur à peu près mille choisies à l'époque) sont d'une grande force. On verra également, dans l'espace de cette exposition, deux films de Robert Frank : Pull My Daisy (de 1959, donc contemporain du livre The Americans) et True Story, qui date de 2004 et qui d'une certaine façon sert à faire le lien avec le quotidien contemporain de l'artiste. | ||||
| | La seconde partie de l'exposition est consacrée aux photographies qu'il a faites de Paris, autour de 1950. Photos subjectives. De belles images, souvent. Et rares. Ambiance diaphane. Fleurs et petits métiers. | |||
| Robert Frank, c'est donc ce type qui a réussi à faire pencher l'horizon. Bon, remettons l'horizon horizontal (c'est la moindre des choses : ici, à gauche). Là, apparaît toute l'inventivité de l'artiste : la ligne d'herbe sombre est évidemment un leurre, le substitut de l'horizon. Ce plan d'herbes devient incliné. | ||||
En conséquence, le personnage habillé de blanc est en déséquilibre : il bouge et avance, ce qui n'était pas forcément perceptible au premier coup d'œil. Redressant cette figure, Robert Frank rend l'horizon dynamique et fou... | |||||
Robert Frank 20 janvier-22mars 2009 Jeu de Paume 1, place de la Concorde, 75008, Paris | |||||
| |||||