22 février 2010
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Claire MORGAN, LIFE.BLOOD. | |||||
![]() | Claire Morgan est une jeune artiste née à Belfast. Cette exposition est sa première exposition en France. Et cette artiste est quelqu'un d'exceptionnel. Les sculptures-installations qu'elle montre provoquent quelque chose de rare chez ceux qui les approchent. Le phénomène est assez étonnant et suffisamment exceptionnel pour être évoqué.Il s'agit -pour ce qui est présenté ici- de structures géométriques constituées de centaines de petits fragments de matériaux légers qui semblent flotter. Ces petites formes abstraites -faites de petits bouts de sacs plastiques déchirés, par exemple- sont fixées à des centaines de fil de Nylon accrochés au plafond de la galerie et tendus, vers le bas,par de tout petits poids de métal. Ces petits éléments répétés peuvent être également de petits insectes, des graines de pissenlit ou bien encore des étamines de chardon. Leur juxtaposition, très régulière, et leur répartition sur ces fils, produisent des objets en volume très finement ciselés à l'intérieur d'eux-mêmes par des circulations linéaires d'une très grande subtilité. | ||||
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Ces structures complexes sont fabriquées autour d'animaux empaillés (hérisson, chouette, petit rat, canard, renard, écureuil, etc.).Il s'agit d'une sorte d'univers onirique ou mental , géométrique, dont le noyau serait constitué de micro-événements autour desquels, semble-t-il, la vie constitue un enjeu. | |||||
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Les dessins préparatoires de Claire Morgan sont de toute beauté. Une simple photographie documentaire ne peut en rendre compte car chacun d'entre eux porte une histoire et les traces dont ils sont les dépositaires sont souvent à peine visible à l'œil nu. Les petits animaux représentés sur ces dessins ont été trouvés morts, ramassés par l'artiste qui leur a fait subir une taxidermie. L'animal, pour cette opération, a été disposé sur la feuille de papier qui servira de planche pour le dessin préparatoire. Les traces de son sang, des produits destinés à sa naturalisation et à sa préservation maculeront ce papier ainsi que des poils qui resteront collés au support (détails ci-dessus pour l'écureuil et ci-dessous pour la chouette et le petit rat). L'acte de préparation de l'animal (pratiqué par l'artiste elle-même) est consigné dans cette forme abstraite placée symétriquement au délicat dessin d'observation réalisé ultérieurement par cette seule et même personne. | |||||
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Cette façon de procéder donne une réelle profondeur au travail et lui confère une dimension qui ne se réduit pas à celle du simple dessin d'observation. Les traces du corps -même si ce sont celles d'un petit animal- ainsi mises en scène, sacralisées par ce qui est une œuvre d'art, renvoient vraisemblablement au reliquaire et aux rituels de la mort. À proximité de ces dessins sont installées les sculptures. Claire Morgan y crée de petits scénarii dans l'espace à la fois grandiose et léger de structures géométriques dressées du sol au plafond. Les animaux deviennent aériens, figés dans l'instant d'un événement infime. | |||||
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Les œuvres de Claire Morgan sont très belles. Elles sont aériennes, semblent planer. Elles sont légères, en suspens et d'une extrême fragilité. Leur précision fascine. La grande netteté des formes géométriques qu'elles dessinent est en opposition avec l'informe des fragments qui les constituent. La vulnérabilité qu'elles portent est contredite par la puissance et la force des éléments et sujets qui les composent. | |||||
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Et puis il y a le mouvement : ces œuvres ressemblent à des mobiles, mais des mobiles qui ne bougent pas. C'est le visiteur qui lors de ses déplacements les font vivre. Les formes s'animent, la géométrie s'émancipe, les petits êtres morts rejouent leur drame et leur partition. Ainsi la géométrie devient mélancolique et il arrive un moment où -comme l'a dit quelque part Claire Morgan- «la perfection et le désastre se foudroient». | |||||
Galerie Karsten Greve 5, rue Debelleyme 75003 Paris 16 janvier-25 février | |||||
claire morgan | |||||