2 janvier 2008
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| Helen SCHJERFBECK |
| C’était en 1987, au Petit Palais à Paris. Une exposition particulièrement étonnante était montrée qui me faisait découvrir des peintres que je ne connaissais pas, des peintres au nom bien souvent imprononçable et surtout des tableaux illuminés d’une lumière que je découvrais comme si un éclairage interne, particulier, était fourni avec la toile. Cette exposition s’appelait précisément Lumières du Nord et son propos était de rassembler un certain nombre d’œuvres d’artistes de ces pays du Nord de l’Europe, ces pays où le cycle du jour et de la nuit ne ressemble en rien à celui que nous connaissons. Et je me rappelle avoir été fasciné par les tableaux d’une artiste ne montrant pas d’extérieurs (enfin, ceux qui étaient accrochés aux cimaises de cette exposition) : Cette artiste s’appelait Helen Schjerfbeck. |
Je me suis juré de retenir ce nom que je ne sais toujours pas prononcer. J’ai donc découvert les autoportraits de cette femme et ma question était de savoir ce qu’il avait fallu vivre pour quelqu’un qui l’engagerait dans un tel traitement de sa personne. Ces autoportraits sont en effet d’une rare exception. Les derniers, notamment. Non seulement cette femme a une façon extrêmement appuyée et dérangeante de se regarder mais ce regard semble adressé à n’importe lequel d’entre nous au moment où on le croise. Il donne l’effet d’un reflet de soi-même, avec tout l’abîme de l'incompréhension que l’on a à saisir ce qui ne peut que nous échapper à jamais, cet espace infini, cette espèce de trou, de vide, de sans-fond que nous devinons et qui est irreprésentable. |
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Plastiquement Helen Schjerfbeck se montre un très grand peintre et ces autoportraits sont l’aboutissement d’une peinture qui élague au fil du temps, qui soustrait le superflu, qui vide du nécessaire (ce ne sont que des prétextes de peintre) pour finalement atteindre à l’essentiel et peut-être mieux à l’irréductible. Les derniers autoportraits sont faits de traits, de quelques traces, de la forme très schématique d’un crâne ou d’un lavis sans éclat mais l’intensité créée par ce peu d’éléments est d’une redoutable efficacité.
Je pourrais évoquer la vie de cette femme finlandaise tourmentée mais décidée, ses voyages (notamment à Paris) ses rencontres décisives, ses déceptions amoureuses qui ont sans doute été des moteurs pour sa peinture mais ce ne serait qu’une série d’épisodes biographiques comme nous pouvons chacun en vivre ou bien d’anecdotes qui n’éclairent pas sur la peinture ou sur la détermination d’un artiste à passer à l’acte. Une exposition à voir. Vite. Jusqu’au 13 Janvier 2008 Helen Schjerfbeck 1862-1946 Exposition du 20 octobre 2007 au 13 janvier 2008 Musée d'Art Moderne de la Ville de Paris 11 Avenue du Président Wilson Paris 16e |
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