Edvard MUNCH Signes de l'art moderne Fondation Beyeler
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![]() | La Fondation Beyeler à Bâle consacre une rétrospective à Edvard Munch. Plus de deux cents peintures , gravures et dessins représentant toutes les périodes du célèbre artiste norvégien sont présentés dans cette exposition. Le Cri, l'œuvre qui lui est expressément associée, ne figure pas dans cette présentation... | ||||||||
Edvard Munch est évidemment un artiste de toute première importance. Le rôle qu'il a joué dans l'émergence de l'expressionnisme et plus généralement dans la construction d'une véritable modernité qui va éclore et bouleverser le monde des arts au tout début du XXème siècle n'est plus à démontrer. Munch travaille les grands thèmes : la mort, le tourment existentiel, l'amour, la femme (dévorante, en général...), la révolte mais également la maladie, la création/destruction, etc. Nous sommes dans les sentiments et l'être humain est au cœur de ses préoccupations. La Fondation Beyeler présente donc une très belle exposition d'un artiste dont on a bien intégré les motivations et qui ne fait évidemment plus scandale, comme ce fut le cas en son temps. La conception de la figure de l'artiste incarnée par Munch renvoie maintenant à en schéma largement partagé par les amateurs d'art : il s'agit de la figure désormais traditionnelle de l'artiste tourmenté qui projette ses sentiments sur un écran de toile qu'il va recouvrir de peinture et sa peinture va traduire son tourment, sa dépression ou plus généralement ses affects. On se situe là dans une conception de l'œuvre communément partagée par le public. Les conditions de création ne sont plus celles vécues par Munch vivant à Christiania à la fin du XIXe siècle : la rigidité des mœurs de la bourgeoisie de l'époque et le conflit intérieur de l'artiste à la fois fragile et perturbé créent les conditions d'une œuvre suscitant l'empathie. Le génie de Munch sera bien sûr au cœur de tout ça. Un certain nombre de créateurs vont incarner cette figure de l'artiste mais il me semble qu'un des apports importants d'Edvard Munch va consister à transférer ses sentiments intérieurs au paysage (se référer au célèbre texte qu'il a écrit sur la genèse de son tableau Le Cri). Le paysage devient ainsi l'espace de projection des états d'âme ; une sorte de projection mentale, en quelque sorte. | |||||||||
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photographie de l'auteur : détail d'une peinture de Munch
Rétrospective Edvard MUNCH, Fondation Beyeler, Bâle (Riehen). du 18 mars au 15 juillet 2007
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